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Le Blog Bonapartiste
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31 mars 2005

La gauche, la droite et le peuple

Ce n’est sans doute pas un hasard si depuis deux siècles les bonapartistes sont partisans du recours direct au peuple, par l’élection du chef d’Etat et par le plébiscite.

Outre l’aspect de démocratie directe, de liaison quasi-personnelle, à la limite du mysticisme, entre le chef d’Etat et les citoyens, entre le pouvoir central et les Français, la technique référendaire s’imbrique parfaitement dans l’un des principaux axes de pensée napoléonienne: le surpassement du clivage gauche / droite.

En effet, le pouvoir bonapartiste s’accommode sans complexe du système électoral classique. Sous le Consulat, puis les deux Empires, des consultations démocratiques sont organisées. De 1852 à 1869, pas moins de quatre élections législatives se succèdent. Mais, très vite, malgré l’établissement du suffrage d’arrondissement, entre les électeurs et leurs représentants vont se dresser les comités, les partis, les cliques et les notables. Ces derniers, cultivant leur circonscription comme les paysans labourent leurs champs, s’érigent progressivement en caste, en pouvoir intermédiaire, confiscant le suffrage sur leurs noms et leurs revendications. Les clubs et partis politiques, balayés d’un trait par la démocratie bonapartiste, réapparaissent, faisant de la chambre une assemblée où l’on discute, où l’on parlemente, où l’on pratique la surenchère mais nullement où l’on agit.

Malgré le recours à un homme, à un programme d’envergure, le clivage, stérile, bipolaire réapparaît. Alors que le bonapartisme, refusant toute hémiplégie politique, entend surpasser les anciennes notions partisanes, la droite (monarchiste ou républicaine) et la gauche (républicaine, radicale, socialiste ou communiste) s’affrontent sans chercher l’intérêt commun.

Or, on sait très bien que les réponses apportées aux questions de société ne sont souvent ni de droite ni de gauche.

Ainsi en est-il du référendum sur la "constitution européenne". Sur ce point, comme en 1992 avec le traité de Maastricht, la ligne de fracture entre les tenants du "oui" et ceux du "non" passe au milieu de tous les partis. Les partis dits de gouvernement, UMP et PS, ne montrent aucune unité sur les questions européennes. De même, on retrouve parmi les "non" des personnalités et des groupes venant de la droite et d’autres situés à gauche de l’échiquier politique.

Plus que l’antique frontière entre droite et gauche, la séparation actuellement pertinente passe donc par l’axe européen: souverainistes ou fédéralistes, les partis se déchirent. Il est vrai que les anciennes lignes de partage, constitutionnelles, religieuses ou économiques, ne tiennent plus.

Bref, droite /gauche, c’est le même combat.

Plus que jamais, les bonapartistes voient donc leurs positions au-dessus de la droite et de la gauche, au-dessus des partis, validées par les faits.

Parallèlement, le vecteur référendaire, typiquement napoléonien, est remis en valeur. Si les référendums étaient plus courants, nul doute que le principal bénéficiaire en serait le peuple dans son ensemble, au détriment des notables et des partis.

Mais, en absence d’un chef charismatique, ne s’agit-il pas d’un simple rêve.

Th Choffat

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